dimanche 14 octobre 2012

Expostions Pietrantonio, « Attrazione Magnetica », Emmanuel Rioufol, « Contre-temps », et Takahiro Morotomi à la galerie Satellite Paris XIe, 13 octobre – 3 novembre 2012








 © Pietrantonio

Côté franco-italien, les deux nouvelles expositions de la galerie Satellite offrent de belles variations sur le thème du désir, comme, entre autre, chez Pietrantonio l’attraction magnétique qu’exercent les jambes des femmes photographiées à la volée dans la rue avec un petit boîtier argentique et déroulées sur des frises - des rouleaux photographiques de  5,40 m x 15 cm.
Les photos réalisées à l’I-phone d’objets glanés par son regard, souvent sans qualité apparente, à « contre-temps » (ou contrepied comme le suggère la chaussure abandonnée du carton d’invitation) par Emmanuel Rioufol sont restituées sur un beau papier, conférant à ces fragments normalement négligeable une surprenante qualité, justement.


© Takahiro Morotomi




Dans la seconde partie de la galerie, côté japonais, Takahiro Morotomi qui pratique une peinture conceptuelle et minimaliste, expose ici  sa « recherche photographique hors cadrage et hors mise au point (argentique) ». Ses photos floues, tremblées, sont organisées au fond  de l’espace en un mur d’image. Les autres au contraire se dispersent sur les murs : une organisation éclatée à laquelle répond celles des minuscules miroirs carrés eux aussi disséminés, pièges à vision aspirant de cette toile d’araignée photographique…
Un vent automnal de liberté, de fraîcheur et de sensualité souffle donc sur les cimaises de la petite galerie du XIe…

mardi 9 octobre 2012

Le mystère de la chambre bleue (le pola trouvé)



© Yannick Vigouroux « Sans titre [rectangles bleus et sourds], 1993-95 »
Polaroid 600






Il ne s'agirait pas cette fois d'une « photo trouvée » (cf. mes derniers textes publiés ailleurs, sur l'autre blog :
http://lelaboratoiredesmotsetdesimages.blogspot.fr/2012/09/je-ne-peux-pas-labandonner-une-seconde.html etc.) mais d'un de mes « polas (re-) trouvés », et daterait de 1993-95. 

C'est en tout cas ce que j'aime penser, car cette image a elle aussi bel et bien été trouvée dans une brocante, prise sans doute par un maçon sur un chantier à la fin des années 1970 - début des années 1980.

L'image ressemble tant à une toile abstraite, comme j'en ai peint jusqu'au début des années 1990 avant de les détruire : une mosaïque de lignes et de rectangles bleus gris et sourds, avare de ses confidences visuelles...

C'est une cave qui pourrait être un laboratoire photo mais ce n'est pas le cas les rectangles m'évoquent ceux d'un écran de projection, mais ceux-ci ne reflètent rien . Il ne génèrent qu'une étrange anti-image, certes très structurée, mais improductive.

Une camera obscura qui se refuserait à fabriquer des images. Pour l'instant, elle les absorbe, les emmagasine, mais ne les révèle pas. Cela ne viendra que plus tard...

La matrice est muette et je la photographie.



jeudi 4 octobre 2012

Inauguration de l'exposition « A MINIMA » à la médiathèque Marguerite Duras, Paris 20e, jeudi 8 novembre 2012 à partir de 19 h 30













Qu'est-ce qu'une pratique «  archaïsante  » en photographie à l'ère d'une «  virtualisation toujours plus grande du réel (Christian Gattinoni), ? Qu'est-ce que la «  FOTO POVERA  »  ou encore une pratique « A MINIMA * », pour reprendre le titre de l'exposition présentée à la Médiathèque Marguerite Duras  ?...

C'est une manière alternative de voir, d'élaborer sa vision du monde à l'aide de boîtiers que l'on a soi-même réalisés, ou détournés de leur usage habituel.

Il s'agit avant tout avant d'une attitude, d'une tournure d'esprit. Depuis les années 1970, voire les années 1960, ont en effet émergé des pratiques qui contestent les contraintes de la doxa photographique, vont à rebours d'une utopie techniciste de perfection, de la netteté de l'image, qui habite l'histoire de la photographie depuis ses débuts. Celles-ci refusent la norme dominante de la photographie piquée, bien cadrée.

Une tendance qui s'est confirmée depuis le milieu des années 2000. De nouvelles pratiques, hybrides ou non, ont en effet émergé : photos prises avec appareils-jouets en plastique, photos au téléphone mobile et sténopés revendiquant une économie et pauvreté parfois paradoxales, ou dégradation du signal électronique. En même temps, des pratiques argentiques alternatives interrogeant le médium dans ses marges, malmenant ou transgressant nombre de codes iconiques, ont connu un fort regain d'intérêt.

Employer des appareils amateurs en plastique, les transformer si l'on a envie, fabriquer un sténopé avec une boîte en métal à thé ou à café, une canette de soda ou de bière, c'est élaborer sa propre machine de vision. Casser l'optique d'un compact numérique pour la remplacer par un capuchon en plastique percé d'un trou comme je l'ai fait récemment, c'est faire violence, symboliquement et littéralement, à la doxa de la perfection technique.

Ce sont les enjeux majeurs de telle pratiques : montrer que le monde peut-être perçu et surtout construit autrement, recréé subjectivement, qu'il est possible sinon urgent et nécessaire d'échapper aux rectangles normatifs des télévisions, des écrans d'ordinateur et des téléphones mobiles. Que l'on peut échapper au diktat des marques, au prêt à penser et prêt à regarder de la société de consommation, y compris, désormais, avec ces téléphones mobiles justement, et quel que soit leur degré de sophistication…

L'outil est important bien sûr dans toute pratique mais ne reste qu'un outil. L'on ne doit pas y être inféodé, jamais, mais au contraire le modifier, le détourner en fonction de nos besoins, en prenant le contre-pied des modes et des usages s'il le faut.

Les travaux sélectionnés pour « A MINIMA » à la médiathèque Marguerite Duras, qu'il s'agisse de ceux des photographes invités ou des lauréats du concours, relèvent avant tour du « percept », bien plus que du « concept », pour reprendre l'expression de Deleuze : ce sont des œuvres discrètes et sensibles, souvent expérimentales, que je vous convie à découvrir et à vous approprier... 



* Le titre est de Laetitia Couenne, bibliothécaire à la médiathèque Marguerite Duras, que je remercie, ainsi que le reste de l'équipe.


(Yannick Vigouroux)




mercredi 3 octobre 2012

Exposition « Fotodroid, nouvelles images du littoral », galerie Satellite, Paris 11e, 9 novembre-8 décembre 2012






une exposition de photographies
de Ons Abid, SandrineDerym,
Karine Maussière, Catherine Merdy,
Jean-Michel Verdan, Yannick Vigouroux
et Rémy Weité

7, rue François-de-Neufchâteau, 75011 Paris
M° Voltaire / Charonne
du 9 novembre au 8 décembre 2012
Inauguration de l'exposition 
en présence des photographes 
le vendredi 9 novembre 2012 à partir de 17 h 30 

Signatures des livres de Sandrine Derym, Pola !
Louise Narbo, Coupe Sombre, éditions Fligrannes,
Yannick Vigouroux, Naufragée, éditions Thierry Magnier
le vendredi 23 novembre 2012 à partir de 17 h 30











Il y a deux ans, l'exposition Polaland, dont le commissariat était assuré par Xavier Martel, présentait  les polaroids d’Ed Lisieski, Esmeralda Suares, Didier Tatard et Yannick Vigouroux.


La galerie Satellite présente aujourd’hui, toujours  dans le cadre du Mois off de la photographie à Paris, cette nouvelle génération d’images que sont les poladroïds produits à l’aide d’I-phones et de smartphones. Outre la technique commune, le thème qui relie les différents travaux est cette fois celle du littoral.