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Juliette Agnel, « Yannick Vigouroux,
8 novembre
2012 », série « Les éblouis »
Sur son appareil reflex numérique,
Juliette Agnel a adapté une étrange prothèse en bois (fixé à
l'intérieur, un écran translucide constitué d'une feuille calque
permet de diffuser l'image) qui évoque les premières chambres
photographiques et fait office de camera obscura, se substituant à
l'optique. Un mélange a priori improbable d'hyper-technologie et de
primitivisme technique...
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Chrtistian Gattinoni, « Juliette Agnel at Work, 8 novembre
2012 »
Avec « Les éblouis »,
l'artiste renoue, sur le mode du sténopé numérique, avec le
théâtre primitif du portrait photographique, du daguerréotype aux
lourdes plaques au collodion des premiers portraitistes. On songe
aussi à Visages de l'Ouest de Richard Avedon, et bien sûr au
studio Harcourt : le temps de pose est plutôt long (de l'ordre
de plusieurs secondes), la personne doit fixer les deux éclairages
mandarines puissant qui réincarnent paradoxalement son corps et son
visage dans un flou fantomatique qui relève du Merveilleux.
L'opération relève pour le modèle comme pour la photographe (en
quelques heures, la photographe a emmagasiné l'autre soir pas moins d'une centaine
d'images !) de la
performance psychologique et physique. Le regard doit soutenir le
fort éclairage, cela peut sembler pénible mais curieusement c'est
agréable. De cette expérience de lâcher-prise extatique l'on
ressort heureux, libéré. L'on a éprouvé une sensation de chaleur
qui n'est pas que physique : l'on a laissé un peu de soi-même,
et par l'acceptation de cet abandon, ce don de soi, l'on a aussi,
assurément, gagné quelque chose...
Les portraits réalisés à la
Médiathèque Marguerite Duras sont visibles ici :
Le site de la photographe :
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